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R comme recycler : Textiles, une mode éthique est-elle possible ?

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Dans le monde du textile, on produit tellement vite, qu’on a trouvé un nom à ce phénomène, particulièrement polluant : la fast-fashion. Et on va le voir dans ces quelques lignes, ces tissus dans lesquels on se trouve si belles ou beaux, en réalité, ne sont « pas très jojo » !

Séverine DELACROIX, CPIE du Haut-Languedoc

Surproduction et surconsommation : l’ère de la fast fashion

La fast fashion (mode rapide) désigne une mouvance de marques qui produisent des vêtements très vite, très souvent, et pour « pas cher ». Une marque de fast fashion peut sortir jusqu’à 36 collections par an, contre les 4 pour une marque de mode classique. La fast fashion est décriée pour ses nombreuses conséquences sociales et environnementales.

Entre 2005 et 2019, la consommation mondiale de vêtements et de chaussures a presque doublé, passant de 74 milliards à plus de 130 milliards d’articles.

L’impact de la mode jetable : un désastre environnemental

L’industrie textile est l’une des plus polluantes au monde : cinquième plus gros émetteur de gaz à effet de serre en Europe, le secteur est aussi le troisième consommateur d’eau dans le monde, après la culture du blé et du riz.

Quelques chiffres de la fast fashion :

Ø 1,2 milliards de tonnes de gaz à effet de serre sont émis chaque année en moyenne par le secteur du textile (Source : fondation Ellen MacArthur)

Ø Pour confectionner un jean, il faut en moyenne 7.500 litres d’eau, soit l’équivalent de toute l’eau bue par un être humain pendant 7 ans (Source : ONU)

Ø La superficie des terres cultivées pour le coton représente 3% des terres agricoles de la planète mais utilise 16% de tous les insecticides consommés dans le monde

Ø 20% de la pollution des eaux dans le monde proviennent du traitement et de la teinture du textile.

Ø Rejetés au cours du lavage de nos vêtements, un demi-million de tonnes de microplastiques finissent chaque année dans les océans, soit l’équivalent de 50 milliard de bouteilles (Source : ADEME)

Ø Un camion benne de textiles est mis en décharge ou incinéré toutes les secondes dans le monde (Source : fondation Ellen MacArthur)

Surnommée autrefois la « Perle de la Chine », la rivière Li, à Xiantang, est désormais toxique, polluée par le plomb et le mercure utilisés pour la teinture des jeans et rejetés lors du lavage. On ne peut plus boire l’eau de la rivière, ni y pêcher.

La fast fashion alimente la pauvreté

L’industrie textile emploie 75 millions de personnes à travers le monde, dont 80% sont des femmes et dont 65 millions sont situées dans la région Asie-Pacifique (Source OIT)

Le choix des pays où sont fabriqués les vêtements, pour être ensuite exportés, répond à des critères stratégiques : une main d’œuvre peu onéreuse, une représentation syndicale et une règlementation sur l’usage de certains produits chimiques, faible ou inexistante.

Sur un t-shirt vendu à 29€, les travailleurs·euses au Bangladesh ne gagnent que 18 centimes. (Source Fair Wear Foundation).

En moyenne, leur salaire mensuel est d’un peu plus de 80 €

Le travail forcé et le travail des enfants sont répandus dans les chaînes d’approvisionnement du textile, des pratiques assimilées à de l’esclavage moderne dont l’industrie de la mode serait l’un des plus importants contributeurs.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, 15% des enfants âgés de 6 à 14 ans issus des bidonvilles de Dakha, au Bangladesh, exercent un travail à temps plein dans l’industrie textile. Passés 14 ans, cette proportion passe à 50%. Déscolarisés, ces enfants travaillent parfois 64 heures par semaine pour 30 euros par mois.

S’informer, consommer autrement, militer : le pouvoir citoyen pour changer le système en profondeur

L’industrie de la fast fashion repose sur un système opaque et complexe qui fait intervenir une myriade de fournisseurs et de sous-traitants intervenants dans la fabrication des vêtements

Le pouvoir citoyen peut s’exprimer dans nos choix de consommation et de nombreuses alternatives existent.

72% des Français.es de 18-35 ans sont prêt.e.s à changer de marques pour celles qui s’engagent à respecter les droits humains et l’environnement. 40% d’entre elles et eux disent déjà moins acheter pour des raisons écoresponsables (Source : Clear Fashion, dossier de presse, avril 2021) Et vous ?

S’informer avant d’acheter : Des labels à repérer

Le label « Origine France Garantie » atteste que le produit est majoritairement fabriqué en France et qu’au moins 50% du prix de revient unitaire est acquis en France. (Pour ne pas induire le consommateur en erreur, marketing, pub, recherche et développement ne sont pas pris en compte dans le calcul du pourcentage). Ce label assure la traçabilité du produit, en donnant une indication de provenance lisible pour le consommateur.

Ce label certifie l’utilisation de coton biologique (sans engrais de synthèse, de pesticides chimiques, d’OGM…) pour la fabrication du vêtement. Il exige également le respect de critères sociaux et environnementaux sur les étapes de transformation (filage, tissage, confection…)

D’autres labels avec des critères environnementaux:

CLEAR FASHION : une application qui révèle ce qui se cache derrière nos vêtements

Grâce à un système qui permet de scanner les codes-barres des vêtements, l’application analyse et évalue les engagements de plusieurs centaines de marques de l’industrie du textile selon 4 thématiques : environnement, humain, santé, animaux.

Plus de 150 critères d’impact sont pris en compte. L’objectif principal est d’informer les consommateur.rices sur ces enjeux mais aussi de leur permettre de soutenir les marques responsables.

La seconde main, entre économie circulaire et créativité

Une autre alternative est la seconde main.

Que cela soit des friperies, ou des boutiques créées par des acteurs associatifs comme Emmaüs ou la Croix Rouge, des ressourceries, de nombreuses structures sont actives dans le secteur de la seconde main. Et du Minervois au Caroux, il y en a (voir dans Réparer/Réutiliser notre série de 3 articles « Textile de seconde main, ces commerçant.e.s qui y croient »)

Parfois rattachées au secteur de l’économie sociale et solidaire, elles contribuent à la promotion du réemploi.

On peut également acheter ou revendre ses vêtements d’occasion sur des applications comme Vinted ou les plateformes https://www.videdressing.com/ ou https://percentil.fr/

Mais surtout on peut donner !

Du Minervois au Caroux, vous pouvez donner :

  • au Secours Populaire à St-Pons
  • au Secours Catholique à St-Pons
  • au Secours Catholique à Azillanet
  • et aussi lors des différentes zones de gratuités organisées par les associations du territoire

Vous pouvez aussi déposer vos textiles, linge ou chaussures dans les différentes bornes Le Relais ou Amiratex (dont le siège est situé à Nissan-Lez-Ensérune) DANS UN SAC DE 30L.

Ici, c’est le Val de Seine, mais le système est le même dans toute la France

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